Pour seul cortège de Laurent Gaudé
En plein banquet, à Babylone, au milieu de la musique et des rires, soudain Alexandre s’écroule, terrassé par la fièvre.
Ses généraux se pressent autour de lui, redoutant la fin mais préparant la suite, se disputant déjà l’héritage – et le privilège d’emporter sa dépouille.
Des confins de l’Inde, un étrange messager se hâte vers Babylone. Et d’un temple éloigné où elle s’est réfugiée pour se cacher du monde, on tire une jeune femme de sang royal : le destin l’appelle à nouveau auprès de l’homme qui a vaincu son père…
Le devoir et l’ambition, l’amour et la fidélité, le deuil et l’errance mènent les personnages vers l’ivresse d’une dernière chevauchée.
Porté par une écriture au souffle épique, Pour seul cortège les accompagne dans cet ultime voyage qui les affranchit de l’Histoire, leur ouvrant l’infini de la légende.
Nouvelle sélection envoyée par Entrée Livre, c'est avec un vrai bonheur que j'ai découvert que ce nouveau roman de Laurent Gaudé faisait partie de la sélection.
Lorsque l'on s'appelle Alexandre Le Grand et que la fin s'annonce, c'est tout un protocole qui doit s'appliquer, tout un défilé de Généraux, de membres de la Famille qui se pressent autour du mourant.
Parce que lorsque Alexandre Le Grand quitte le monde, c'est comme si le Monde mourrait un peu aussi.
C'est un roman à trois voix que nous offre Laurent Gaudé. Au fil des chapitres, les paragraphes alternent entre la version de Dryptéis (la belle-soeur), celle d'Ericléops (le messager) et celle du narrateur.
Ce dernier donne, avec un certain recul, les éléments nécessaires à la compréhension du protocole.
Il ne s'agit pas d'un roman historique mais Laurent Gaudé nous raconte les enjeux politiques, et nous fait suivre le cortège jusqu'à ce que se mêlent au fil des chapitres l'Histoire et la Légende construite autour de ce personnage puissant, grandiose voir même terrible.
Une très belle lecture, rythmée par l'écriture de Laurent Gaudé qui réussit l'exploit de faire surgir des pages les sons, les couleurs, les odeurs ainsi que la palette des sentiments ressentis par l'ensemble des personnages.
Un livre qui fait beaucoup parlé de lui et qui mériterait amplement de rejoindre Jérôme Ferrari et son très beau roman philosophique, "Le sermon sur la chute de Rome", dans la prochaine sélection du Goncourt.